Depuis des mois, la société française se mobilise contre la réforme des retraites du gouvernement français, dans la rue comme à l’Assemblée nationale ou au Sénat, sur le territoire national mais aussi à l’étranger à l’initiative de nombreux et nombreuses compatriotes.

Ce projet, les Françaises et les Français n’en veulent pas. Les organisations syndicales n’en veulent pas. La représentation parlementaire n’en veut pas. Il ne résout en rien les problèmes d’inégalités dans la société française, ni la question de la contribution insuffisante des plus aisé·es à la solidarité budgétaire et sociale. L’argument de l’équilibre budgétaire dans une communication confuse et approximative n’est qu’un prétexte de circonstance alors que les avantages considérables aux grandes entreprises, comme les exonérations de cotisations sociales, n’ont aucune contrepartie dans le domaine de l’emploi ou que le déblocage de 400 milliards pour le budget de la Défense ne soulève pas la moindre objection.

Ce projet compromet l’avenir des Françaises et des Français les moins diplômé•es, avec des carrières longues, et de celles et ceux ayant des carrières fractionnées, principalement des femmes.

Par ailleurs, en tant que représentant•es élu•es de l’étranger nous savons bien que beaucoup de nos compatriotes se retrouvent avec des carrières professionnelles à cheval sur plusieurs pays. Les Françaises de l’étranger, en particulier, subissent souvent des carrières hachées, contraintes de bouleverser leurs parcours professionnels.

Les Françaises et Français résidant hors de France, dans leur ensemble, font ainsi partie des grand•es oublié•es de cette réforme. Des projets d’amendement et des idées importantes ont été soulevées lors des débats au Sénat pour nos compatriotes résidant hors de France, transfrontaliers ou ayant travaillé une partie de leur carrière à l’étranger et sur lesquelles nous alertons depuis longtemps :

1. La retraite des carrières françaises de moins de 25 ans nest pas calculée à partir des meilleures années

2. Les années de travail (et de cotisation) dont le salaire annuel est trop faible, en particulier lors des premiers emplois à l’étranger souvent précaires, (carrières hachées des femmes, des périodes de recherche d’emploi, etc.) provoquent une baisse de la retraite car ces années-là ne sont pas éliminées du calcul pour les carrières de moins de 25 ans.

3. Quand les périodes de travail à l’étranger ne sont pas validées par la CNAV, la retraite à taux plein est reportée (de 62 ans à 67 ans) ou la retraite subit une décote de 25% pour au moins 20 trimestres non validés.

4. Les délais de traitement des dossiers de retraite et leur liquidation sont très longs et sont une forme de vulnérabilité accrue pour nos concitoyen•nes.

Aucune de ces problématiques n’a été prise en compte dans le projet final : nos compatriotes de l’étranger eux non plus n’auront pas été écoutés par le gouvernement.

Dans un contexte de forte opposition, le gouvernement a choisi, le 16 mars, de recourir au 49.3 pour dissimuler la réalité de sa situation de minorité absolue à l’Assemblée nationale. L’ensemble de la séquence, sans dialogue social avec le front intersyndical uni, sans écoute des mobilisations qui vont se prolonger dans la société, relève d’un déni démocratique manifeste. Depuis nos pays de résidence, nous avons vu comment l’image de la France s’est dégradée et combien choquent les scènes de violence policière qui, depuis 2017, constituent la seule réponse du gouvernement Macron face aux mouvements sociaux et écologistes.

Élu•es des Françaises et Français de l’Étranger, nous participerons, depuis l’AFE et dans la rue, cette semaine, au maintien d’une mobilisation déterminée afin d’exiger le retrait de cette réforme des retraites.

C’est dans cette perspective que nous avons convoqué cette conférence de presse, pendant laquelle nous avons souhaité’ en solidarité avec la mobilisation syndicale unanime en France’ donner la parole aux organisations syndicales représentant les agents et personnels français détachés à l’étranger.