La fin de la saison des pluies ?

Au Kenya, situé en Afrique de l’ouest au niveau de l’équateur, il n’y a ni hiver ni été comme nous les connaissons en Europe, mais des saisons pluvieuses (de février à juin pour la grande saison des pluies et d’octobre à décembre pour la petite) et des saisons sèches. La grande saison des pluies est donc sur le point de s’achever, et cette année elle a été particulièrement intense et meurtrière : inondations, coulées de boue, rupture d’un barrage, routes coupées, chutes d’arbres, habitants, animaux et véhicules emportés par les eaux, logements informels complètement détruits (par les inondations ou préventivement par la police, comme le montre ce reportage de Bastien Renouil pour France 24), maisons rendues inutilisables et autres destructions sans nombre. Il y a même eu un immeuble d’habitations qui s’est effondré juste à côté de chez moi, à Nairobi. Début mai, le gouvernement kényan annonçait un bilan national provisoire de 228 mort·e·s et 72 disparu·e·s, auxquels s’ajoutaient 212.000 déplacé·e·s. On a pu lire des témoignages glaçants de parents et de grand-parents ayant vu leurs enfants emportés par des torrents d’eau boueuse, et dans ce pays dont l’économie repose en grande partie sur l’agriculture (presque 33 % des emplois et plus de 21 % du PIB en 2022) et le tourisme, les dégâts sont immenses pour les petits agriculteurs dont le cheptel a été emporté ou dont les terres arables ont été rendues impropres à la culture pour cette saison. C’est ce que montre ce reportage de Gaëlle Laleix pour RFI.

De telles fortes pluies liées au phénomène météorologique El Niño ne sont malheureusement plus tout à fait inhabituelles : en 2018 déjà, les intempéries avaient été qualifiées de « plus importante saison des pluies sur les 55 dernières années ». Elles avaient causé 186 morts. En 2019, 112 personnes avaient perdu la vie, et plus de 260.000 personnes avaient été déplacées. El Niño, phénomène climatique oscillatoire (vents et masses marines plus chaudes de manière cyclique) essentiellement observé dans l’hémisphère sud, n’est pas intrinsèquement lié au réchauffement climatique actuel (il est observé depuis le début du XXe siècle, et postulé comme existant depuis des millénaires), mais son intensité et ses conséquences sur les écosystèmes comme sur sociétés humaines sont largement amplifiés par le changement climatique. Par exemple, la température de surface des océans est très anormalement élevée cette année, comme le montre bien ce graphique.

Dans le même temps, alors que le Kenya ou le Brésil souffrent d’importantes inondations, la Zambie, elle, fait face à une sécheresse exceptionnelle. Le dérèglement climatique est présent partout et ses conséquences sont dramatiques pour les écosystèmes, mais aussi pour les sociétés humaines et leur économie. Nous, écologistes, portons ce message depuis longtemps, et lorsque nous sommes en charge d’un mandat démocratique, nous luttons pour contrer les logiques d’intérêt économique immédiat poussés par des intérêts privés allant des compagnies d’extraction minière ou pétrolière (ex : Total aussi pas loin de chez moi avec le méga-projet EACOP de transport de pétrole brut par pipeline chauffé depuis l’Ouganda vers la côte tanzanienne) aux géants de la production industrielle (plastique, quand tu nous tiens !) ou de l’agroalimentaire. C’est pourquoi, le 9 juin prochain, pour la planète et ses habitant·e·s, on vote écologiste avec le bulletin de la liste emmenée par Marie Toussaint !

Ce n’est pas un hasard si les liens dans cet article renvoient vers du matériel produit par les correspondants de France 24 et RFI : Français·es de l’étranger comme nous, elles et ils font vivre, avec des moyens souvent très limités en comparaison des concurrents comme la BBC et la Deutsche Welle, cet audiovisuel public français que le gouvernement et la droite parlementaire aimeraient bien tondre et contrôler sous prétexte de « rationalisation de la dépense publique ». Récemment nommé administrateur de France Médias Monde par l’Arcom en qualité de représentant de l’Assemblée des Français·es de l’étranger, je prends l’engagement de défendre l’audiovisuel public français pour qu’il puisse continuer de fournir une information et des programmes de qualité tout en raffermissant son indépendance par rapport à l’exécutif national. Où que vous soyez, je ne peux que vous engager à « écouter et regarder le monde » avec les chaînes de RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya !