LE SEPTENNAT PERDU POUR L’ENVIRONNEMENT
«Make our planet even worse !»
Les grands discours qui cachent une forêt de renoncements
L’art d’Emmanuel Macron c’est le discours grandiloquent. Bien écrit, bien prononcé, plein de références historiques. Et cela a commencé fort en juin 2017, suite à la décision des États-Unis de Donald Trump de sortir de l’Accord de Paris sur le climat : l’initiative Make Our Planet Great Again. En l’opposant ainsi à la politique anti-écologique de Donald Trump, c’est une réussite communicationnelle certaine. Mais dans les actes, il y a loin de la coupe aux lèvres.
La trahison de la Convention Citoyenne pour le Climat
Certes, il existe une loi qui interdit les vols intérieurs dans le cas où il existerait une alternative ferroviaire de moins de 2h30. Mais la montagne a encore accouché d’une souris! 80% des lignes concernées ont fait l’objet de dérogation. Une autre possibilité existait : interdire les vols en jet privé. Mais notre proposition de loi a été rejetée par la majorité. Pour rappel, la moyenne des émissions de CO2/an par personne en France est de 10 tonnes. C’est en fait 5 tonnes pour les classes populaires, et 8 000 tonnes pour les ultra-riches. Alors il se prévaut d’une baisse des émissions de CO2 en 2023, mais il a été démontré par tous les expert·es que cette baisse est conjoncturelle : hiver doux, prix cher de l’énergie… et tout ce qui est structurel, notamment les transports et le logement, ne baisse pas, voire augmente !
Il défend l’accaparement de l’eau
Quand les militant·es contestent la privatisation de l’eau dans des mégabassines à Sainte-Soline, il répond par une répression tous azimuts qui fait au moins 200 blessé·es. Quand son ministre de l’Intérieur traite les militant·es écologistes “d’écoterroristes” et cherche à dissoudre les Soulèvements de la Terre, Emmanuel Macron se tait, voire encourage son Gouvernement. L’eau potable est une ressource rare. Il n’y a aucune raison qu’elle aille en priorité à l’agro-industrie au détriment des fermes de petite taille, de la population civile et des autres mondes vivants sans démocratie et sans justice. Lorsqu’il y a des sécheresses, et elles se multiplient, Emmanuel Macron préfère empêcher les gens d’arroser leurs fleurs et leur potager, ou de remplir leurs piscines gonflables pour leurs petits enfants, que d’arrêter l’irrigation du maïs qui en grande partie part à l’export !
Défendre l’empoisonnement par le glyphosate
Le 27 novembre 2017, Emmanuel Macron twittait : “J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans. #MakeOurPlanetGreatAgain” En janvier 2019, c’est plutôt : « Je sais qu’il y en a qui voudraient qu’on interdise tout du jour au lendemain. Je vous dis : un, pas faisable, et ça tuerait notre agriculture. Et même en trois ans on ne fera pas 100%, on n’y arrivera pas». Après son volte-face doublé d’une attaque à peine voilée contre les Écologistes, il réautorise cet herbicide dangereux par une nouvelle loi (votée par les mêmes que celles et ceux qui l’avaient interdite). Il fait preuve de la même détermination devant le Parlement européen, puisque la France s’est abstenue, et le glyphosate est maintenu sur le marché jusqu’en 2033. Et ce n’est qu’en 2024 qu’il annonce enfin un plan d’investissement dans la recherche publique pour trouver des produits de substitution. Trop peu, beaucoup trop tard alors que 60% des oiseaux des champs ont disparu en Europe depuis 40 ans à cause des pesticides.
L’écologie punitive, c’est lui !
Face à l’augmentation de la fiscalité du pétrole, le mouvement des Gilets Jaunes débute en novembre 2018. Ce n’était pas une révolte contre l’écologie mais contre l’injustice et le mépris de ceux que l’on n’écoute pas. Les revendications portaient notamment sur le rétablissement de l’ISF et l’adoption du Référendum d’Initiative Citoyenne. Si on avait augmenté le prix du pétrole pour les avions alors que le kérosène n’est pas taxé, si on avait utilisé le produit de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers pour aider celles et ceux qui doivent changer de véhicule ou pour investir dans des transports en commun, sans doute l’histoire aurait-elle été différente. Mais ce ne fut pas le cas. Emmanuel Macron n’a pris en compte aucune de ces revendications. Il est resté cantonné à son logiciel néolibéral, dans lequel la redistribution contredit la récompense des “efforts” de ceux qui ont déjà tant… le plus souvent grâce à des héritages (80% des milliardaires français sont des héritiers selon Forbes).
Au service de la nécro-diversité
Emmanuel Macron est également le Président qui refuse d’abolir la corrida et les différentes chasses dites “traditionnelles” (mais qui sont en réalité cruelles pour les animaux). C’est aussi ce Président “ami des chasseurs”, proche du lobbyiste Thierry Coste, qui a baissé le coût du permis de chasse, massivement augmenté les subventions aux fédérations de chasse et dont le gouvernement s’entête à publier des arrêtés illégaux contre les espèces protégées.
Il sacrifie la sécurité nucléaire
Contre l’Assemblée nationale qui a lors d’un premier vote refusé ce projet, contre les scientifiques qui étudient les mécanismes de sûreté nucléaire, contre les fonctionnaires qui travaillent à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ANSN) et à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), Emmanuel Macron s’est obstiné à faire voter la fusion de ces deux agences pour permettre la construction de nouveaux réacteurs. La relance de la construction de réacteurs nucléaires en France se fera donc au détriment de notre sécurité collective…