Mobilisons-nous massivement pour éradiquer enfin les violences de genre

7 ans après #MeToo : les violences sexistes et sexuelles sont toujours omniprésentes

7 ans après #MeToo et de nombreux hashtags plus tard (#MeTooHôpital, #MeTooThéâtre, #MeTooCinéma, #MeTooSport, #MeTooÉglise, #MeTooArmée…), si une prise de conscience sociétale a commencé à émerger et que certaines initiatives méritent d’être saluées, le constat reste accablant. Les vies et les corps des femmes sont toujours soumis aux violences patriarcales :

  • 271 000 victimes de violences conjugales recensées en 2023, marquant une hausse de 10 % par rapport à 2022,
  • 113 féminicides au 31 octobre 2024 dont au moins deux concernent des femmes transgenres – une femme est ainsi assassinée tous les deux jours en moyenne,
  • + de 140 000 femmes victimes de viol ou de tentatives de viol chaque année,
  • 86 % des femmes sont confrontées à des actes sexistes au moins une fois dans leur vie,
  • 97,3% des auteurs sont des hommes,
  • 86 % de classements sans suite dans les affaires de violences sexuelles, 94 % pour les viols.
Cette année, au-delà des statistiques, des affaires médiatisées illustrent le caractère systémique de ces violences : les révélations des agressions commises par l'abbé Pierre, l’emprise dénoncée par Judith Godrèche, le harcèlement raciste et transphobe subi par la boxeuse Imane Khelif, les propos obscènes de Gérard Depardieu, et enfin le procès historique des 51 “monsieurs tout le monde” accusés de viols sur Gisèle Pélicot. Cette liste non exhaustive démontre, comme l'a dit Adèle Haenel, que "les monstres, ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères".

Contre les récupérations de l'extrême droite

Si la société progresse, l’intérêt de l’extrême droite concernant les violences de genre est à géométrie variable. Il ne dépend que de l’origine ethnique, de la nationalité ou de la religion réelle ou supposée des agresseurs, alors que 57% des viols sont conjugaux et qu’une majorité des violences sont intrafamiliales. Nous dénonçons les récupérations politiques opportunistes qui ignorent volontairement le caractère systémique des violences. Nous appelons à la vigilance collective face à cette stratégie qui détourne le combat feministe au profit d’une idéologie d'exclusion et de stigmatisation inefficace.

Au contraire, nous, Écologistes, croyons que des politiques structurelles et courageuses sont nécessaires et réaffirmons notre engagement pour une société égalitaire où être femme n’est plus un risque physique, ni un facteur de discrimination.

Une politique structurelle courageuse nécessaire

Nous défendons conformément aux demandes des associations féministes et des organisations syndicales, une politique réellement ambitieuse, par la voie réglementaire et la voie législative, accompagnée de moyens humains et financiers dédiés, à hauteur de 2,6 milliards d’euros pour :

  1. Prévenir les violences, par l’éducation et la sensibilisation :
    • Appliquer pleinement la loi de 2001, qui rend obligatoire des cours d’éducation affective et sexuelle tout au long de la scolarité, ainsi que sur l’égalité des genres, et étendre ces formations au tissu associatif.
    • Mettre en œuvre des campagnes de communication publique pour lutter contre le sexisme et promouvoir l’égalité.
    • Rendre effective et obligatoire la formation de tout le personnel de la fonction publique.
    • Soutenir les associations.
  2. Protéger les victimes :
    • Créer davantage d’hébergements d’urgence et instaurer des congés spécifiques pour les victimes, faciliter la mobilité géographique professionnelle.
    • Renforcer le dispositif « téléphone grave danger » (TGD), qui permet aux victimes de violences conjugales d’alerter rapidement les forces de l’ordre en cas de menace.
    • Simplifier et accélérer l'accès à l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales.
    • Assurer des aides à la prise en charge judiciaire, sociale et psychologique.
  3. Mettre fin à l’impunité :
    • Intensifier la formation des enquêteurs, enquêtrices, magistrats, magistrates et de tous les acteurs du système judiciaire aux spécificités des violences sexistes et sexuelles.
    • Donner plus de moyens à la justice qui ne peut faire face à l’augmentation des plaintes accompagnant la libération de la parole.
    • Redéfinir pénalement le viol pour prendre en compte la notion de consentement.
  4. Protéger TOUTES les femmes :
    • Mettre en place des protections renforcées pour les femmes précarisées, migrantes, travailleuses du sexe, en situation de handicap, lesbiennes, trans, qui cumulent trop souvent de multiples vulnérabilités.
En vue de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes le 25 novembre prochain, nous n’oublions pas nos sœurs, en Irak, en Iran, en Afghanistan qui résistent courageusement à des régimes autoritaires qui les privent de leurs droits fondamentaux, aux États-Unis, où la réélection de Donald Trump, soutenue par des mouvements masculinistes, est un signal très inquiétant, et dans toutes les zones de conflits où les violences sexuelles continuent d’être utilisées comme des armes de guerre.

Les Écologistes seront présent·es aux manifestations organisées les samedi 23 et lundi 25 novembre pour éradiquer les violences de genre.

Exigeons toutes et tous de vrais moyens pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles.


Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
La commission féminisme