Macron a brisé le barrage contre l’extrême droite
Au total, 349 député∙es, des mouvements Renaissance de Macron, Les Républicains, et du Rassemblement national, ont finalement voté en faveur du projet de loi mardi, tandis que 186 ont exprimé leur opposition. Malheureusement, la majorité des parlementaires élu∙es par les Français∙es de l'étranger ne fait pas exception. Outre l'écrasante majorité des élu∙es du camp présidentiel hors de France, on observe une fois de plus que, loin de leur prétendue indépendance politique, la majorité des parlementaires de l'ASFE se complaisent dans une vision ultra-conservatrice et xénophobe de notre société. Ainsi, Renaissance, Les Républicains, l'ASFE et le Rassemblement National votent de concert.
Ce texte mettra en œuvre des mesures préconisées par l'extrême droite depuis des décennies.
La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen a qualifié ce vote de "victoire idéologique". Le projet de loi porte atteinte au droit d'asile, au droit international, aux droits humains et aux droits des enfants. Ces limites iniques ont été portées depuis longtemps par l'ancien Front National et aujourd'hui par le Rassemblement National. Fait historique majeur : la préférence nationale est entrée par la grande porte dans la loi française. C'est une grave compromission qui restreint l'accès aux soins, aux prestations sociales et à l'hébergement d'urgence universel. Nos concitoyen∙nes ayant une double nationalité à travers le monde sont par ailleurs directement visé∙es et menacé∙es par l’immonde retour de la déchéance de nationalité.
En tant que Français∙es résidant∙es hors de France, l’étranger n’est pas l’autre, mais bien une partie de nos vies et de nous-mêmes. Nous sommes partie intégrante de cette société cosmopolite et ouverte sur le monde, ne pas le voir c’est être à contre-courant de l’histoire et bien mal connaître les Français∙es qui résident par-delà les frontières.
Élu en 2022 pour faire barrage à l'extrême droite, Emmanuel Macron et son gouvernement resteront les artisans de l'abandon des valeurs humanistes de la République. Le texte Darmanin-Le Pen-Ciotti acte une régression sans précédent des droits des étrangers. Ils ont présenté l'immigration comme un problème et ont instauré une présomption de majorité pour les mineur∙es non accompagné∙es. Il est ainsi particulièrement affligeant de constater que les droits des enfants se voient eux aussi dangereusement impactés. Face aux sirènes du populisme, la droite sociale et le gaullisme abandonnent ainsi un pilier essentiel de la cohésion sociale.
Loin de résoudre quoi que ce soit aux désordres du monde, à l'exil face aux guerres et aux dérèglements climatiques, à la crise de l'accueil et à ses conséquences, la loi sur l'immigration adoptée est la plus régressive depuis des décennies.
La gestion des migrations est un défi qui ne doit pas être laissé aux solutions simplistes et fallacieuses de l'extrême droite. Les partis républicains devraient toujours rejeter son instrumentalisation politique et œuvrer pour des solutions sensées qui respectent nos valeurs, nos droits fondamentaux et l'État de droit. Les Écologistes luttent pour un système d'asile et de migration équitable, respectueux des humains et fondé sur le principe de solidarité.
Rien ne peut justifier cette idée suicidaire consistant à copier le discours et le programme des partis politiques d'extrême droite raciste. Cela conduit toujours au même résultat : le déclin des partis démocrates et la montée des idées et des résultats électoraux d'extrême droite, comme le démontre l'exemple récent aux Pays-Bas, où les centristes ayant copié le discours extrémiste leur ont finalement offert une rampe d'accès au pouvoir.
De même, il n'est pas anodin de voir le chef de l'extrême droite espagnole appeler à faire la même chose que Macron sur l'immigration. À quelques mois des élections européennes, la responsabilité des macronistes dans la montée des populismes en Europe est indéniable.
Face à ce terrible constat, notre colère et notre inquiétude sont profondes. Il y a un an et demi, Emmanuel Macron avait promis de faire barrage aux idées du Rassemblement national. Nombreuses et nombreux parmi nous ont apporté leur voix pour empêcher l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
Les élections européennes auront lieu dans quelques mois. La voie des personnalités politiques démocrates doit rester claire : le respect des conventions internationales relatives aux droits humains et aucun compromis avec l'extrême droite. Notre avenir démocratique commun en dépend.
Le chantier pour les humanistes, les démocrates, celles et ceux qui veulent bâtir un monde meilleur fondé sur le bien commun, l'ouverture aux autres, la solidarité, l'égalité, la liberté, un monde où nous pouvons vivre mieux ensemble, est immense.
Rassemblons-nous.