La véritable arnaque aux retraites des Françaises et Français de l’étranger

« On va renforcer les sanctions »

Voilà Gabriel Attal en ordre de bataille médiatique dans les colonnes du Parisien. La fraude n’a qu’à bien se tenir ! Et les Françaises et Français de l’étranger aux cheveux blancs sont dans le collimateur du gouvernement.

Ainsi, la France s’apprête à mener un programme de contrôle des retraité·e·s à l’étranger avec la mise en œuvre de nouvelles modalités de vérification dont « des rendez-vous fixés dans les consulats » et même la création d’unités spécialisées qui se déploieront dans les pays cibles. « On va renforcer les sanctions ». Des moyens importants semblent en effet déployés pour lutter contre cette fraude mondiale.

Mais de quelle fraude parle-t-on exactement ?

La macronie est ici beaucoup moins éclairante… On soupçonne, on interprète, sur des suppositions basées sur un rapport de la droite parlementaire de 2020, sur des cas isolés et assez peu représentatifs de la réalité des quelques 1,1 millions de retraité·e·s français·es résidant à l’étranger.
Les retraité·e·s résidant en dehors du territoire national, ce sont 7,2% du total des bénéficiaires pour seulement 3,3% de la somme des prestations distribuées par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (chiffres de 2019). N’est-ce pas étrange cette moindre importance des montants vis-à-vis de la proportion de la population concernée ?
Les chiffres démontrent une tout autre réalité que celle de la majorité présidentielle.

Fort avec les faibles : la véritable arnaque

Loin de l’image frauduleuse que la droite et le centre tentent de coller aux Françaises et Français de l’étranger, les chiffres marquent certaines injustices et même des urgences bien réelles face à la précarité :

En 2019, les « pensions servies à l’étranger par la CNAV s’élevaient en moyenne à 272 euros » brut par mois (source : rapport parlementaire de la droite)

La retraite des Français·es qui ont effectué une partie de leur carrière à l’étranger subit une décote de 25 % ou est reportée à 67 ans lorsque les périodes de travail à l’étranger ne sont pas validées (il arrive que des trimestres de travail à l’étranger ne peuvent pas être validés, même s’ils ont été effectués dans l’Union européenne ou dans un pays qui a un accord bilatéral avec la France et a fortiori quand il n’y en a pas).

Le calcul du salaire annuel moyen des Français·es ayant effectué moins de 25 années de leur carrière en France ne se base pas sur les 60% des meilleures années, comme c’est le cas pour une carrière effectuée entièrement en France, mais sur 100% de leur carrière incluant donc les 40% des moins bonnes années et faisant baisser, de fait, le montant des pensions.

Pour les futur·es pensionné·es il est parfois impossible d’avoir accès aux informations concernant leur âge de départ à la retraite à taux plein. Par manque de moyens humains, les exemples indécents sont encore trop fréquents pour lesquels les pensionné·es doivent attendre plus de 2 ans sans pouvoir toucher leurs pensions.

9 questions au Sénat, 5 demandes des élu·es des Français·es de l’étranger, 3 recommandations et 3 résolutions de l’AFE concernant l’équitabilité des retraites hors de France restent toujours sans réponse de la part du gouvernement depuis sa mise en place en 2022.
C’était donc l’occasion, aujourd’hui, de poser une nouvelle question au ministre sur l’évaluation des coûts évalués par ces services face aux inégalités de traitement subies par les Francais·es de l’étranger.

La véritable supercherie, ce sont les inégalités de traitement pour les carrières effectuées en partie en France et en partie à l’international.
La véritable fraude, c’est de voir des cotisations en France faire baisser le montant total de la pension pour des carrières françaises de moins de 25 ans.
La véritable arnaque, c’est d’allouer des moyens humains à une lutte chimérique pour des gains dérisoires, alors qu’aucune aide n’est apportée pour aiguiller nos concitoyen·ne·s dans leurs questionnements légitimes et que le réseau à bout de souffle n’arrive même plus à finaliser les dossiers de retraites.
Le véritable maquignonnage, c’est le manque de solidarité avec nos concitoyen·ne·s laissé·e·s à l’abandon, sans accès aux minima sociaux et voué·e·s à la misère avec des revenus bien en deçà de tout seuil de pauvreté1.
La véritable tartuferie, c’est de répondre par une chasse aux sorcières lorsque cela fait des mois qu’au Sénat, à l’Assemblée nationale, à l’Assemblée des Français de l’étranger, au sein des Conseils consulaires et devant les Consulats et Ambassades, nous vous alertons sur les injustices spécifiques aux retraites de l’étranger.

Le gouvernement reste constant dans sa volonté de pénaliser et de contrôler les plus précaires, de paupériser les moins doté·e·s avec sa réforme des retraites imposée sans vote à l’Assemblée nationale.
Face à cette tromperie politique inique et cynique, les quelques 3 millions de Françaises et de Français établi·es hors de France sauront qui sanctionner.


—– Note : 1. Nombreux.ses sont les Français·es résidant à l’étranger qui ne cotisent pas durant toute ou une partie de leur vie à l’étranger. Pour ces personnes, seule la perspective de la précarité, soit à l’étranger avec une retraite locale minable, soit un retour en France « forcé » afin de bénéficier du minimum vieillesse.