Lettre aux Français·es
Chères Françaises, chers Français,
Emmanuel Macron nous a conviés le 23 août à l’Elysée pour un échange
auquel nous nous rendrons, ensemble. Nous souhaitons, avant ce rendez-
vous, nous adresser directement à vous pour vous dire ce que nous comptons
faire pour le pays dans les prochains mois et prochaines années, et comment.
Au mois de juillet dernier, vous vous êtes massivement mobilisés dans les
urnes pour refuser l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir et rompre avec
les politiques menées depuis sept ans. Nous vous en remercions.
Et depuis ? Rien. Le président de la République tergiverse plutôt que de tirer
les conséquences de ces élections. Combien de temps allons-nous continuer
comme si rien ne s’était passé au début de l’été ?
Vous avez placé le Nouveau Front populaire en tête du scrutin, sans donner
à quiconque de majorité absolue. Ce résultat nous oblige toutes et tous,
et en premier lieu oblige celui qui l’a provoqué.
L’inaction du président de la République est grave et délétère.
Parce qu’elle met en évidence son souhait de prolonger les sept dernières
années de politiques injustes et imposées de façon autoritaire. Parce qu’elle
donne l’impression que le vote ne servirait à rien, que tout cela ne serait
qu’un jeu d’échecs institutionnel.
Nous mesurons l’ampleur de la défiance exprimée aujourd’hui partout
dans le pays, par vous, citoyennes et citoyens, responsables de syndicats,
d’entreprises, d’associations, de collectifs, élus locaux. À force de
renoncements, de décisions imposées contre la volonté du peuple, comme
la réforme des retraites, beaucoup d’entre vous ne croient plus en la politique.
Ces sentiments nourrissent la montée de l’extrême droite que nous avons
combattue et continuerons à combattre.
Le choix du prochain gouvernement aura des conséquences très concrètes
sur la vie quotidienne de chacune et chacun, selon qu’il poursuivra la cure
d’austérité ou qu’il décidera de réinvestir dans nos services publics. Les
parents d’élèves ont besoin de savoir si nous nous donnerons les moyens de
mettre un enseignant devant leur enfant, et de redresser l’école publique ; les
salariés ont besoin de savoir quand sera revalorisé leur salaire, après plusieurs
NOUVEAU FRONT POPULAIRE JEUDI 22 AOÛT 2024
années d’inflation ; les habitants si leur logement pourra faire l’objet d’une
rénovation thermique et si l’adaptation aux bouleversements climatiques sera
accélérée ; les patients s’ils seront accueillis aux urgences en cas de besoin
et si l’hôpital aura les moyens de fonctionner ; nos enfants, si nous leur
offrirons une planète habitable où grandir et s’épanouir.
Sur tous ces sujets, une rupture est nécessaire avec les politiques passées.
Elle a été demandée par les électrices et électeurs. C’est ce à quoi s’attèlera
un gouvernement du Nouveau Front populaire dès les premières heures de sa
nomination.
Aux électeurs qui se sont mobilisés massivement autour du Nouveau Front
populaire, nous disons : nous nous engageons à bâtir une société plus juste,
plus solidaire à mesure de la capacité contributive de chacun, dans laquelle
le travail sera mieux rémunéré, la pénibilité mieux reconnue, les services
publics réhabilités, et à mettre en œuvre dès maintenant la bifurcation
écologique indispensable pour notre avenir à toutes et tous. Une société dans
laquelle chacun pourra avoir une vie digne.
Aux électeurs qui n’ont pas voté pour nous, à droite ou à l’extrême droite,
comme à ceux qui n’ont pas voté du tout, nous disons : oui, nous souhaitons
rompre avec la logique d’un camp contre un autre et travaillerons ensemble
pour construire l’avenir du pays et financer les services publics.
Nous sommes convaincus que nous pourrons améliorer concrètement
et rapidement la vie des Françaises et des Français, et que l’absence
de majorité absolue ne nous en empêchera pas. Qui refusera l’augmentation
du pouvoir d’achat que nous proposons avec la revalorisation des salaires
et de la rémunération des fonctionnaires ? Qui acceptera de voir perdurer
la situation catastrophique de l’hôpital public avec les services d’urgence
fermés en plein été ? Qui se résoudra à une nouvelle rentrée où tant de
professeurs manqueront face à nos enfants dans les écoles, les collèges
et les lycées ? Sur toutes ces questions clefs, les parlementaires rendront
compte de leurs votes et les citoyennes et citoyens en seront témoins.
Nous en sommes conscients : nous devons inventer une manière de gouverner
inédite sous la Ve
République. Le Parlement devra, de façon transparente,
retrouver la main sur son calendrier et discuter sereinement des projets
et propositions de loi qui lui seront soumises. Les partenaires sociaux devront
être écoutés et respectés. Des nouvelles formes d’association des acteurs
de terrain, des élus locaux, des associations et de toutes et tous ceux qui font
vivre notre démocratie au quotidien, devront être imaginées.
Nous porterons également une diplomatie française au service de la paix car
nous ne pouvons pas accepter que les différends se règlent par la force en
Europe et dans le monde. Nous œuvrerons ainsi pour faire échec à la guerre
d’agression de Vladimir Poutine, défendre la souveraineté du peuple ukrainien
et œuvrer au retour à la paix. Nous agirons pour obtenir le cessez-le-feu
immédiat à Gaza et la libération des otages. Et puisque le président de la
République lui-même avait affirmé que la reconnaissance de l’État de Palestine
n’était pas un « tabou pour la France », nous agirons pour sa reconnaissance
immédiate, au côté de l’État d’Israël, sur la base des résolutions de l’ONU pour
avancer vers une paix juste et durable.
Enfin, nous ramènerons la paix civile en Nouvelle-Calédonie en revenant
sur la réforme du corps électoral et en rouvrant un processus de discussion,
dans l’esprit des accords de Nouméa et de Matignon.
Nous sommes convaincus que la France peut encore incarner les valeurs
de justice, de liberté, d’ouverture qui ont fait son histoire. Les discours
de haine l’abîment et ne lui ressemblent pas.
C’est ce dont nous ferons part au président de la République le 23 août
prochain, lorsque nous le rencontrerons toutes et tous ensemble, pour
défendre l’espoir qui s’est levé le 7 juillet dernier et qui ne doit pas être déçu.
Vous vous êtes exprimés il y a deux mois déjà, il est plus que temps
maintenant de passer à l’action : comme dans toutes les démocraties
parlementaires, la coalition arrivée en tête doit pouvoir former un
gouvernement, chercher des accords au sein du Parlement et se mettre
au travail.
Nous y avons travaillé tout l’été. Nous sommes prêts.
Lucie Castets
Candidate du Nouveau Front populaire à Matignon
Manuel Bompard
Coordinateur de la France insoumise
Olivier Faure
Premier secrétaire du Parti socialiste
Fabien Roussel
Secrétaire national du Parti communiste français
Marine Tondelier
Secrétaire nationale des Écologistes