La visite d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni : face aux urgences, les symboles ne suffisent pas

Du 8 au 10 juillet, Emmanuel Macron s’est rendu au Royaume-Uni pour une visite d’État, la première depuis 2008. Ce déplacement, dans un contexte post-Brexit encore fragile, symbolise un réchauffement bienvenu des relations franco-britanniques. Mais à l’heure des urgences sociales, climatiques et géopolitiques, les symboles ne suffisent pas.

Pour les Français·es de l’étranger, cette visite aurait pu être l’occasion de poser des actes concrets pour améliorer leurs droits et leur mobilité. Le président de la République a évoqué à Westminster la mise en place d’un programme d’échanges jeunesse. Une initiative à saluer, à condition que le Premier ministre Keir Starmer s’en empare véritablement. Or, ses positions restent à ce stade floues sur les perspectives de mesures de rapprochement avec l’Union européenne.

Concernant la question migratoire, le nouvel accord franco-britannique « une entrée, une sortie » acte que pour chaque retour d'un migrant clandestin en France, un demandeur d'asile serait pris en charge au Royaume-Uni. Mais cela perpétue une politique inefficace, déshumanisante, loin d’une approche digne, réaliste et respectueuse des droits humains. Ce qu’il faut, ce sont des voies d’accès sûres et légales.

Sur le plan scientifique, la coopération franco-britannique en matière d’intelligence artificielle a été largement mise en avant lors d’une visite à l’Imperial College. Mais l’enthousiasme technologique affiché s’est fait sans un mot sur l’impact environnemental de ces technologies, ni sur les risques éthiques qu’elles posent.

Le soutien affirmé à l’Ukraine constitue un point important de la visite, dans un contexte où Donald Trump mène une politique internationale imprévisible et tourne le dos à Kiev. La France doit continuer à défendre le droit international, mais cet engagement ne peut être à géométrie variable. Concernant la Palestine, Emmanuel Macron a appelé à une démarche coordonnée avec le Royaume-Uni pour avancer vers une reconnaissance de l’État palestinien. Pourtant, rien ne l’empêche de le faire unilatéralement. Ne pas le faire, tout en exhortant les autres à agir, relève d’une posture incohérente et hypocrite.

Enfin, le contraste entre cette visite en grande pompe et la situation en France est saisissant : Marseille ravagée par les flammes, et à l’Assemblée nationale, l’adoption de la loi Duplomb, véritable catastrophe sanitaire et environnementale. Ce décalage illustre une déconnexion profonde entre la mise en scène diplomatique et les priorités réelles de notre pays.

Nous appelons à construire des relations franco-britanniques fondées sur des engagements clairs et concrets, pour le climat, pour les droits fondamentaux, et pour les citoyen·nes de nos deux pays.

Charlotte Minvielle et Rémi Ferreira
Co-secrétaires des Écologistes au Royaume-Uni